18/07/2008

Suède : wwoofing, c'est reparti mon kiki !!

Hoor, région de Skona, sud-ouest de la Suède. Au milieu d'une prairie, avec pour musique le rythme régulier de la faux qui fend les hautes herbes et du vent qui s'infiltre dans les bois alentours. Le soleil descend, c'est la fin d'après-midi, je regarde fier le travail accompli : de larges surfaces d'herbe couchées au milieu d'une vaste mer dorée qui houle sous le vent. Au loin, on appelle, c'est le signal du dîner. Je pose la faux et me dirige vers l'apéro ; car ici, depuis que je suis arrivé, on a adopté cette habitude française.

Igersdela, région de Smaland, sud-est de la Suède. Accroupi tout près du sol, les genoux engourdis et le dos qui tire, je cueille les premières fraises du matin dont je remplis un large bol pour le petit-déjeuner qui approche. Dans ma main s'enchaînent belles rouges sucrées aussi grosses qu'un abricot. Tout près jouent Sita et Jingus, deux chiens qui me sautent dessus en me léchant le visage et en espérant un câlin. Autour, les jeunes champs d'orges brillent sous les rayons crus et rasant. Dans mes oreilles sonnent les bêlements des moutons et des chèvres mélées aux grognements des cochons impatients d'avoir leur repas du matin. D'autres wwoofers me rejoignent, nous finissons rapidement la cueillette, puis certains vont mettre la table tandis que d'autres vont nourrir les bêtes.

C'est l'été, la saison des fraises et des framboises, les animaux accouchent de nouvelles portées, les potagers fleurissent, les projets de construction s'accomplissent, et les préparations pour l'hiver commencent. Il y a du travail et il y a des wwoofers, ça tombe bien ! Les hôtes sont accueillants, chaleureux et intéressants, ça tombe encore mieux ! Dans ces conditions, un mois passe très vite.

Je passe d'abord quinze jours chez Ninna, Kenneth et leurs quatre enfants (Alexander, Nadja, Katja et Ronja). Ils vivent près de la ville de Hoor, à 60km de Malmo, la grande ville du Sud de la Suède. Leur maison est légèrement excentrée, accessible par une route de terre, mais finalement pas si loin du centre urbain. Ils ont ainsi l'avantage d'avoir une fantastique nature aux alentours (une grande forêt et un joli lac), mais de rester en contact avec l'extérieur. Il y a quelques années ce n'était pas le cas, ils vivaient beaucoup plus au nord, dans une région peu peuplée où ils vivaient en quasi auto-suffisance par le travail de la ferme. Mais le village mourait, alors après dix ans de travail acharné ils se sont résignés à partir vers d'autres horizons et d'autres projets. Aujourd'hui, riche d'une incroyable expérience, ils développent divers projets d'aspect social, avec une idée commune : faire connaître d'autres façons de vivre. L'auto-suffisance alimentaire en est une, avec les préoccupations de la culture biologique respectueuse de l'environnement comme celles d'une alimentation naturelle meilleure pour notre santé. Mais les domaines à changer pour aller vers une société meilleure sont nombreux : l'éducation, la science, la communication, la spiritualité, la politique. Dans leur manière de vivre, Ninna et Kenneth montre, à plus ou moins forte intensité, que tous ces domaines ne sont pas cloisonnés à la définition qu'on leur donne dans notre vie de tous les jours. En Suède, il est très importants "d'être normal", beaucoup me le diront. Ninna et Kenneth ne sont pas "normaux", mais ils sont heureux... qu'est ce qui est le mieux ?
Kenneth travail pour le département, il est inspecteur de l'environnement, des conditions d'hygiène et de sécurité, Ninna est infirmière antroposophique(1) et leurs enfants vont dans une école Waldorf(2).
Chez eux je travaillerais dans une ambiance toujours sympathique et décontractée. Couper l'herbe haute à la faux puis la faire sécher pour avoir de la nourriture cet hiver pour les moutons, fabriquer un compost, commencer la construction d'un poulailler, construire une jolie barrière devant la maison, installer deux nouvelles fenêtres dans un mur qui n'en avait pas, voilà ce que j'ai fait. Mais surtout, partager du temps avec eux. Ils me le répétront à de nombreuses reprises quand j'aurai honte d'avoir les mains dans les poches : "ça nous fait plaisir que tu sois là, tu es notre invité !", alors nous passons de longs moments attablés, à discuter, à rigoler, à partager.
Je me suis fait des amis.

Les deux semaines suivantes je les passe chez Khatrin, Bo et leurs cinq enfants (Felix, Gerrit, Julius, Anton et Jonathan). Ils vivent à Igersdela, une toute petite localité à 30km de la mer Baltique. Ils sont propriétaire d'une ferme de vingt hectares sur lesquelles ils cultivent patates, fraises, framboises, jardins potagers et orges pour nourrir cochons qui côtoient des chèvres et des moutons. Khatrin est professeur de couture dans une école Waldorf (3) et Bo est charpentier spécialisé dans la construction écologique. Leur projet est de vivre ici en communauté et ils recherchent ainsi des gens potentiellement intéressés et intéressants. Nous étions quatre wwoofers et une foule d'invités s'est succédé. Le travail était modéré mais régulier : nourrir les bêtes matin et soir, cueillir les fraises pour la vente (et pour notre consommation personnelle :), arroser les potagers, désherber, aider aux tâches ménagères et couper du bois de chauffage en prévision de l'hiver. J'ai apprécié travailler avec les animaux, je me suis régalé à manger des kilos de ces délicieuses fraises cultivées sous les critères biodynamiques (4), j'ai respiré le calme de ce lieux paisible, j'ai participé à des expériences spirituelles originales et intéressantes (en particulier, j'ai pu participer à une "sweatlodge" : cérémonie spirituelle indo-américaine qui se déroule dans un igloo de toile utilisé comme sauna humide très chaud. La cérémonie est rythmée de chants, de moments de recueillement et de prières guidés par le maître de cérémonie qui était pour nous Katja, une femme ayant vécu dans une réserve aux Etats-unis parmi le peuple Crow), j'ai eu la chance de travailler deux jours avec Bo sur son lieu de travail (une très grande ferme rénovée avec des techniques écologiques et transformée en centre d'activité culturelle).
Ici aussi, je me suis fait des amis.


Dans les deux lieux on me propose de rester. J'ai de la peine à dire non, mais j'ai pris ma décision : je rentre en France !

Ainsi, le 16 juillet 2008 au matin, j'ai débarqué à Paris.

Et voilà, je suis rentré en catimini, parce que les grandes cérémonies c'est pas mon truc. Je suis rentré, tout simplement. Parce que j'en avais envie et parce que ce voyage ne méritait pas de fin particulière. Comme je l'ai toujours voulu, ce ne sera pas un livre à part mais juste une page de ma vie.

Devrais-je donc conclure ?
A mon sens, non. Il est bien trop tôt pour en tirer des leçons, cela prendra du temps. Et plus important : la vie est un voyage, alors même si je suis rentré, l'aventure continue !

Alors... ça vous dit de faire un bout de chemin ensemble ?


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(1) et (2) : la médecine antroposophique et la pédagogie Waldorf ont été inventé par Rudolph Steiner. Le coté intégral et totalisant de ce système théorique provenant d'un seul homme peut faire peur et est probablement critiquable, mais cela ne lui enlève pas une pertinence certaine quant aux éléments nouveaux qu'il apporte aux sujets de l'éducation, de la médecine et de la spiritualité. Ce système ne doit certainement pas être pris au pied de la lettre, autant que le nôtre actuel ne devrait pas l'être...
(3) Dans les écoles Waldorf, (toutes) les activités manuelles sont privilégiées, tout au long du cursus scolaire.
(4) La Biodynamie a aussi été inventée par Rudolph Steiner et correspond a un système de culture biologique très exigeant car il prescrit l'utilisation de préparation très particulière et le suivi du rythme lunaire.

29/06/2008

Budapest, Kracow, Poznan et Berlin

Budapest :
En quittant la Roumanie, mon objectif est de retrouver une amie, Agata, en Pologne. Pour y aller, le plus simple est de passer par la Hongrie : de Budapest, des trains partent régulièrement pour Kracow. L'occasion fait le larron, j'en profite donc pour me poser trois jours à la découverte de cette capitale. Conclusion : Budapest c'est grand, j'aurai marché sans arrêt mais je n'aurai fait que le ''minimum touristique'', mais vous savez que le label ''touristique'' n'est pour moi loin d'être la plus grande des priorités... et marcher m'a suffi à découvrir l'architecture impressionnante et massive de cette ville. A noter, l'incroyable : rentrant dans l'opéra, je tombe, au milieu de la foule et en plein milieu de l'Europe et de ses 250 millions d'habitants, sur un pote de lycée ! Il s'appelle Eric et est ici avec son amie Céline depuis deux mois pour ses études. Dans quelques jours il repart en France, mais avant il prendra le temps de m'emmener visiter l'immanquable (et pourtant plus rarement cité dans les guides touristiques... une honte !), la maison du vin hongrois. C'est donc autour d'une dégustation de vin que je fêterai cette rencontre mémorable.
Kracow :
J'y arrive par le train et j'y fais un passage bref. Juste de quoi apprécier sa grande place centrale, et son remarquable jardin circulaire qui entoure la ville. Kracow est une charmante ville de Pologne qui vaut sa réputation.
Poznan :
Mais le plus important ce passe à Poznan, où je retrouve Agata, une amie que j'ai rencontrée lors de mon S.V.E (Service Volontaire Européen) en Espagne. Décidé depuis le début de ce voyage, il y a 9 mois, cette rencontre est l'occasion de se revoir après plus de deux ans. Son accueil est royal et elle m'emmène à la découverte de cette ville estudiantine : des lieux importants aux bars à ne pas manquer, de soirée théatre aux soirées entre amis. C'est simple, mais ça fait du bien d'être dans une ambiance familière.

Berlin :
Agata est en pleine rédaction de son mémoire de fin d'étude, et ma route doit continuer. Je pars donc pour Berlin en Allemagne, pays avec lequel nous avons des liens forts mais que je connais très mal. Dans les esprits, l'Allemagne reste notre ennemi de la seconde guerre mondiale, ou notre grand associé de la construction européenne. La seconde guerre mondiale n'est qu'une partie de l'histoire, et si l'holocaust doit faire partie de notre mémoire, il n'en a pas l'exclusivité (1). Quant à l'Union Européenne (l'U.E) , on a vu par l'exemple de la Roumanie qu'elle est malheureusement bien plus efficace sur le versant économique que sur celui du social, et dans le même genre on pourrait critiquer sa compétence à communiquer (2) : souvenons-nous du traité constitutionnel qui devait être un texte fondateur mais qui était totalement abscons et dont l'U.E n'a pas pris la peine de présenter honnêtement, clairement et de manière largement diffusée, les changements qu'il proposait (minimum indispensable pour qu'une personne puisse faire son choix sur un sujet, et donc dans un système qui se veut être démocratique).
L'Allemagne est donc avant-tout une nation, et Berlin, sa capitale. Nation connue de réputation pour ses valeurs démocratiques, pour son haut niveau de vie et pour son haut degré de développement ; et capitale qui, en dix jours passés là-bas, m'a paru être à la mesure de cette réputation. En vrac :
- Communication démocratique : le Reichstag, le bâtiment du Parlement, est ouvert gratuitement au public, et à l'entrée, on vous fournit une brochure instructive (3) sur le fonctionnement de cette institution
- Respect : des spots télévisés aux affiches publicitaires d'incitation à la non-violence, du respect du piéton par les voitures, à l'amabilité des passants pour les touristes
- Tolérance : dans le grand parc central Tiergarten, une zone nudiste est tolérée
- Qualité des transports urbains : très bons transports en commun, très grand réseau de pistes cyclables
- Développement architecturale du centre ville : mélange de bâtiments d'architecture moderne et de structures anciennes rénovées aérée de nombreux parcs.
- Trés grande activité culturelle : prestigieux musées, grands opéras et salles de concert, nombreux théatres
- Promotion et utilisation de technologies écologiques : éolienne, économie d'énergie, recyclage, etc
Mais l'Allemagne ce n'est pas Berlin, et cette ville est immense (sept fois la surface de Paris et plus grande que New-York...), ce n'est pas en si peu de temps qu'on se fait une opinion objective sur une si grande cité ni sur une nation. Alors il ne vous reste plus qu'à aller y faire un tour pour vous faire votre avis... et on en reparle bientot autour d'un café !
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(1) Sur ce sujet d'actualité lire le passionnant article '' Trop de Shoah tue la Shoah'' de Tony Judt dans le Monde Diplomatique du mois de Juin 2008.
(2) Ce qui ne veut pas dire que je suis anti Union Européenne, mais je pense que peu est fait là où l'on devrait en faire beaucoup. Je dois aussi remarquer certains aspects positifs : par exemple, l'entrée de nouveaux pays dans l'Union est soumise à des conditions d'un haut niveau social, dans cette démarche les pays intéressés font donc souvent de grande progression en la matière.
(3) Juste quelques petites phrases sont critiquables et à mon avis superflues, par exemple en page 2 : ''La publicité est indispensable à la démocratie comme l'air que nous respirons''...

20/06/2008

Funkhome Fullmoon Party !!

Il y a un an j'allais à l'édition 2007, cette année je ne pourrai pas y être...mais je peux vous inciter à y aller !
La Funkhome Fullmoon Party qui était une grande soirée de folie (jusqu'au petit matin...) tournée autour de la musique Funk, s'est transformée pour l'édition 2008 en le Funkhome Fullmoon Festival !! 2 jours pour mettre le feu et un petit dernier pour se reposer en farniente :)
Les 27, 28 et 29 Juin, au Glaz'art, à Paris, cf Programme : http://www.funkhome.com/party
Mention spéciale pour l'après-midi du 28 Juin avec le groupe Fat'C ! (pour se faire une idée aller faire un tour sur : http://www.myspace.com/faisattentionatoncou)

Grand moment de partage, sans prétention, de hight quality, ça bouge, ça groove, ça pète, ça Funk, ça P-Funk !

Musique….Voyage…même combat, même recherche ; celle du partage et celle de la quête d’un moment, même fugace, d’harmonie.

18/06/2008

Au revoir la Roumanie

Après un peu plus de trois semaines passées en Roumanie, je suis plein de merveilleux souvenirs, mais malheureusement il faut penser à partir, à continuer le voyage, à remonter vers le Nord et à avancer vers l'Ouest. Le 22 Mai, je prendrai le train en direction de Budapest.

Je garderai une image très positive de la Roumanie, de sa population généreuse et souriante, de sa dynamique allant à contre-courant de son histoire difficile, de ses paysages, de son charme, de son accueil (comparé à celui que l'on réserve aux roumains venant en France...).

A partir de 1945 la Roumanie fut un régime communiste. Avec la révolution de 1989, la Roumanie sortait de la dictature de Nicolae Ceauşescu, personnage dément qui fut soutenu ouvertement par une partie des opinions occidentales, notamment par de nombreux intellectuels et par de ''grandes'' démocraties. Durant cette période, des millions de personnes perdirent la vie à cause de la misère, la pénurie, le froid et le manque de soins, mais aussi par des actes criminels commis par le régime.

Aujourd'hui la Roumanie fait partie de l'Union Européenne et son plus gros défi reste la corruption qui la ronge.
La Roumanie est un pays tout simplement fantastique où je vous conseille d'aller vous balader, pour profiter des gens, des lieux et de la gastronomie : Mamaliga, sorte de polenta ; Sarmale, feuille de choux farcies d'un mélange de riz et de viande épicée ; Tsuica, eau-de-vie locale à base de fruit ; Miche, viande hachée et condimentée grillée au barbecue...
Comme ils disent là-bas : '' Cel mai bun peste este porcul !'', '' le meilleur des poissons c'est le cochon ! ''

12/06/2008

La Roumanie, part 2 : région de Maramures

Ma nouvelle compagne de voyage est donc canadienne (de Toronto, et oui, j'ai du pratiquer mon anglais!) et s'appelle Tania, elle est au milieu d'un voyage d'un an commencé en Bosnie et en Croatie par du volontariat, qui se continue par l'est de l'Europe et se terminera par l'Inde. Séduit part ses charm....euhhh non!...par sa présentation de la région de Maramures, j'ai décidé de la suivre (avec son autorisation). Nous nous retrouvons de justesse à Baia Mare, puis nous commençons notre découverte de la région par le petit village de Surdesti dans la vallée de Isey. L'expression ''petit village'' est d'ailleurs plutôt relative dans cette province, puisque la majorité des localités sont formées de quelques centaines d'habitants, la nuance entre chaque village prend ainsi une importance toute différente : Surdesti devient un ''village'' ; Burdesti est une ''petite ville'' et Plopis un ''petit village''.

A peine arrivés nous rencontrons Mariana et sa petite famille (une fille de 10 ans, un bébé de 9 mois et leur grand-mère). Mariana parle espagnol, car elle travaille près de Madrid ainsi que son mari, ils reviennent ici autant que possible pour voir leurs enfants qu'ils préfèrent laisser avec leur grand-mère grandir dans leur pays natale. La Roumanie c'est chez eux, mais comme plus de deux millions de roumains (sur un total d'un peu plus de 22 millions), ils ont choisi d'émigrer pour travailler, car en Roumanie, depuis l'entrée dans l'Union Européenne le 1er janvier 2007, il est devenu presque impossible de vivre avec un salaire local. Mariana n'est donc pas très riche, mais en moins de 5 minutes elles nous proposera de dormir chez elle, ''plutôt que de payer une pension, car je sais que vous êtes jeunes et donc que vous n'avez pas beaucoup d'argent'' nous dit-elle. Moi le français et Tania la canadienne, nous nous sentons presque misérables devant tant de générosité : nous sommes riches comparés à elle, son salaire en Roumanie est 10 fois moins important que le smic Français (beaucoup de salariés touchent autour d'une centaine d'euros...), mais elle ne s'en affecte pas, au contraire, elle nous propose l'hospitalité pour nous permettre d'économiser sur notre budget de touriste. Après les sourires d'accueil, son honnêteté et sa gentillesse finissent de nous achever, nous acceptons la proposition mais nous voulons faire quelque chose en remerciement ! ''Quoi ?'' nous dit-elle ''il n'y a rien à faire ici,et puis vous êtes en vacances, alors profitez !'' .

Mariana est voisin de Florin et Ana-maria qui parle quelques mots de Francais. On nous présente et immédiatement le couple nous invite à rester quelques instants avec eux : ils sortent un jus de fraises fait maison, nous préparent des délicieuses galettes fourrées avec du fromage qu'ils font à partir de leur propre lait de vache, et enfin apportent vin et eau-de-vie artisanaux. Nous sommes repus, nous venons de manger de délicieux produits totalement naturels produits par ce jeune couple qui entretient une ferme (un grand jardin potager, des vignes, des poules, une vache, deux porcs et des lapins) en plus de leur travail respectif (Ana-maria est professeur de Biologie et Florin travail dans le bâtiment). Dit comme ça, tout à l'air magnifique, mais au cours de la conversation nous comprendrons qu'ils n'ont en fait pas le choix : produire leurs propres aliments permet une économie conséquente sur leur budget (alors que les salaires ne bougent pas et restent autour de quelques centaines d'euros, le prix des produits de consommation courantes ont grimpé en flèche depuis début 2007, ils atteignent aujourd'hui quasiment ceux de France ! (1)).

Quelques jours plus tard nous rencontrerons deux médecins roumains en vacances (de deux jours...), l'un d'entre eux, fonctionnaire, m'avouera ne gagner que 300 euros par mois : toujours insuffisant pour vivre correctement.

Alors que font-ils ? Ils se débrouillent : - ils travaillent au noir, avec tous les risques que cela comprend (comme Florin qui me montrera une superbe maison construite par lui et ses deux associés en deux mois pour 2000 euros hors coût de matériaux ! Pour nous, 2000 euros de main d'oeuvre pour une maison cela parait un rêve, mais pour eux c'est de quoi vivre à peu près correctement, sans plus...) - ou alors ils émigrent...en masse (le plus souvent en Espagne, en Italie ou en Grèce, ce qui divise nombres de familles. Quasiment tous les gens que nous avons rencontrés pouvaient nous parler d'un mari, d'un frère ou d'un fils partis de Roumanie (2)).

Mais la région de Maramures c'est aussi une campagne superbe, vallonnée, où les prairies alternent avec de belles forets et où les traditions sont toujours d'actualité. A Burdesti nous verrons une machine-à-laver ''naturelle'' encore en fonctionnement (cf photos), partout nous croiserons des charrettes tirées par des chevaux et chargées de passagers et/ou de foin, et tout au long de la vallée d'Izey nous découvrirons les incroyables et somptueux portails monumentaux qui marquent l'entrée de presque chaque maison. Les gens d'ici sont des paysans, mais ils ont du goût et leur artisans ont des mains d'or, ils sculptent ces portails immenses ou construisent des bâtisses exceptionnelles. Ainsi je fais référence en particulier aux deux églises de Surdeti et de Plopis, deux villages voisins, mais dont le premier possède la plus grande église tout en bois d'Europe, et dont le deuxième en possède une toute aussi belle (même si moins haute) dans laquelle nous aurons la chance de monter en haut du clocher!

Dans l'église de Surdesti, nous aurons une tout autre chance : celle d'assister à un mariage traditionnel. Lors de notre arrivée dans le village, tout le monde nous le disait : ''venez samedi, vous serez les bienvenus, tout le monde est le bienvenu au mariage ici !''. Intimidés, mais poussés par notre curiosité, nous reviendrons tout de même le samedi prévu, nous assisterons au mariage traditionnel dans cette église si particulière (datant du milieu du 18eme siècle) et finalement...nous serons invités à la fête, à l'une des tables de la famille, près de Ana-maria et Florin... le grand-frère du jeune marié ! Moment magique et incroyable. A quelques mois de rentrer en France pour assister au mariage d'un ami de lycée, j'ai goûté à la version roumaine, entre verres de Tsuika (l'alcool local), danse folklorique, diner gargantuesque et marques d'une générosité hors-norme.
P.S : Nouvel article publié sur http://www.elnanito.blogspot.com/
(1) Lire l'article ''Les ouvriers roumains font reculer Renault'' de Stephane Luçon dans Le Monde diplomatique mois de Juin 2008
(2) Ainsi ils émigrent par nécessité, en même temps que nos entreprises nationales délocalisent dans leur pays pour augmenter leur rentabilité. Nous les voyons comme des envahisseurs, alors que ce sont nos entreprises qui les exploitent et que leurs conditions de vie sont beaucoup plus difficiles que les nôtres : comparons un peu avant de trop nous plaindre. Et enfin, l'argument porté en grand étendard pour justifier cette politique économique est celui de la libre concurrence et du marché libre qui est censé optimiser les coûts de production et donc permettre une baisse des prix au ''profit'' des consommateurs : on voit en réalité que les prix en France sont loin d'être à la baisse, que les prix en Roumanie se sont alignés à ceux de l'Europe en augmentant considérablement (mais pas les salaires bien sûr), et que par contre les rentes et revenus des actionnaires autant que les salaires des grands patrons d'entreprises explosent tous les records. Vive l'Europe sociale et de l'amitié entre les peuples !!

04/06/2008

La Roumanie, part 1 : Bucharest, Brasov et Sibiu

J'arrive à Bucharest, comme tout un chacun, avec certaines idées préconçues sur la Roumanie, un pays membre de l'Union Européenne mais pourtant si méconnu ou méjugé. Je veux dépasser les stéréotypes de Dracula et les préjugés sur les roms. Je veux aussi découvrir et profiter de quelques pays plutôt que de partir courir les grandes villes d'Europe ; je décide alors de passer trois semaines ici, ce qui me parait être un bon compromis, puisque tout de même je dois penser au chemin du retour... et oui, la fin du voyage approche.

Rapidement je suis charmé. Bucharest est une ville agréable et le temps est propice à la parcourir en de longues balades. Vie estudiantine et activités économiques, cafés-concert et opéra, beaux quartiers pavillonnaires et vieux-centre abimés occupés par des artistes, bâtisses historiques ayant échappées à la folie de l'ancien dictateur ou au contraire bâtiments pharaoniques construits sous ses ordres ; la ville a de quoi rassasier un touriste en besoin de visites. Moi je mélange tourisme et ... devinette : promenade au hasard et sans hâte, errance lente et sans direction précise, état de tranquillité où on laisse ses humeurs aller aux courants de la contemplation, mi-ébahi mi-concentré, à l'opposé du stress ; cet état qui m'est chère, vous l'avez reconnu ? la flânerie bien sûr. Tout près de mon auberge il y a un très joli parc où je me plaie à passer le temps à écouter les gens discuter dans cette langue que je ne comprends pas mais qui sonne pourtant familière à mon oreille : le roumain est une langue d'origine latine qui sonne parfois comme le portugais et où l'on retrouve des mots et formes grammaticales du français, de l'italien et de l'espagnol.

Tant que je vous parle de détails culturels je dois vous préciser la différence entre roumains et roms. Parfois la confusion est faite, mais roumain correspond au nom de la population de la Roumanie, alors que roms est un des noms donnés à ceux qu'on nomme parfois aussi tziganes, ou gitans, manouches etc, c'est-à-dire un peuple de nomades originaire des Indes et aujourd'hui éparpillé en différentes communautés de l'Inde à l'Atlantique (communautés qui ont souvent mauvaises réputations car on les juge sur des rumeurs ou sur les actes de quelques mauvaises brebis : encore un bel exemple de notre inaptitude à accepter la différence). Même s'il existe des communautés roms en Roumanie, les deux sont donc bien distincts.

C'est début mai et les beaux-jours arrivent avec leurs lots de festivités. La Roumanie est riche en festival de toute sorte et j'aurai la chance de profiter du festival Europafest à Bucharest (Jazz, pop, blues et musique classique) et du très reconnu festival international de Jazz de Sibiu.

En effet je ne resterai pas à Bucharest, l'appel du grand air se fait sentir et je partirai pour la Transylvanie avec comme points de chute : Brasov et Sibiu.

La Transylvanie est renommée pour son lien avec le comte Dracula, roman fantastique publié en 1897 par Bram Stoker à une époque où le thème des vampires faisait succès. L'auteur n'a jamais mis les pieds dans la région, mais les nombreux châteaux la parsemant se prétaient bien à l'histoire et le mythe évoluant a voulu faire d'un roi du 15ème siècle fameux pour sa longue résistance aux armées turques, Vlad Tepes dit l'empaleur (car sa torture préférée était d'empaler ses prisonniers de guerre), le personnage central du mythe des vampires : Dracula en personne ! La légende est un bon filon touristique et plusieurs châteaux ont été transformées en demeures plus ou moins ''officiels'' ou ''officieuses'' du terrible comte. Mais la Transylvanie ne se résume pas à ça, car ses nombreux châteaux sont d'abords des témoignages remarquables de l'époque médiéval où l'on peut découvrir l'histoire de cette région qui a longtemps résisté aux conquérants ottomans. La Transylvanie est aussi une province agréable parcourue de forets où vivent encore à l'état sauvage les plus grandes populations d'ours et de loups d'Europe. Brasov en est son centre touristique.

Sibiu est un peu plus à l'ouest, mais tout aussi connue que Brasov. Je préférai la première, en particulier grâce à Camille et Marcus, une française et un allemand, respectivement ébéniste et charpentier, que je rencontrerai au festival de Jazz. Ils me conseilleront la visite du Musée ASTRA : fantastique village des techniques et bâtisses de la Roumanie traditionnelle.

Mais ces deux petites villes, malgré leurs charmes, ne suffisent pas à satisfaire mon besoin d'espace. Ayant rencontré une canadienne m'ayant convaincu de visiter la région de Maramures, je pars la rejoindre dans le Nord du pays ; et je ne regretterai pas le voyage...

02/06/2008

Ce qui n'a pas été mis en ligne...

Lors de ma participation au site roueslibres.org, plusieurs informations que je demandais être mises en ligne ne l'ont jamais été sans que j'en sache la raison. Je vous les communique aujourd'hui pour corriger ces longs mois durant lesquels elles ont manqué :

1) précision quant à la section ETUDE : dans le cadre de ce voyage Nicolas avait décidé de mettre en place un projet sur l'agriculture (voir détails sur le site http://www.roueslibres.org/, section PROJET) et de le présenter pour l'obtention de bourses. Interessé par son projet et prêt à l'aider, j'ai prêté mon nom et ma signature pour permettre la présentation du dossier (qui a ainsi obtenu une bourse Defi Jeune de la région Picardie). J'ai aussi participé à la rédaction du dossier, à la recherche de partenaires financiers et à la mise en relation de Nicolas avec des contacts potentiellement intéressant pour son projet. Ma participation à ce projet s'est arrêté là, puisque en accord clair avec Nicolas ce projet était le sien et ma participation n'avait lieu que de soutien. Pour cette raison une précision devait être ajoutée disant que la partie ETUDE et ses articles associées, autant que les perspectives présentées dans la partie PROJET, ou que l'argent reçue grace à la bourse Defi Jeune était gérée par Nicolas et lui seul. J'etais et reste personnellement indépendant de ce projet.

2) Une chronologie : telle une petite histoire, de la naissance de ce projet à sa phase de préparation jusqu'au départ, pour mieux vous faire sentir et peut-être comprendre notre démarche.

« Le vrai voyage, c'est d'y aller. Une fois arrivé, le voyage est fini. Aujourd'hui les gens commencent par la fin. » Hugo Verlomme

Les préparatifs, nécessaires à notre départ et donc à notre arrivée, font partie intégrante de notre projet. C’est en soi, un « voyage vers le départ ». Pour cette raison, nous vous présentons ici notre 1er voyage : les préparatifs. Et quel voyage !

1996 : naissance de l’idée d’un tour du monde en vélo dans la tête de Nicolas. Il a 16 ans et rêve d’aventure, d’espace, de nature, de rencontres et de découvertes.
2005 : nous nous rencontrons au canada, lors d’un voyage, touristique pour Christophe, romantique pour Nicolas…Nous sympathisons, et quelques mois plus tard Nicolas proposera à Christophe : « Un tour du monde en vélo, ça te dit ? »
2006 : l’idée a mûrie, doucement mais sûrement, nous arrivons à entrevoir un calendrier possible pour un futur départ (pas gagné entre la vie professionnelle, personnelle et plein d’autres mots en « ..elle »…de chacun). Nous décidons en Aout 2006 que le projet se montera, l’année qui viendra sera celle de la concrétisation.

Concrétiser : rendre matériel, donner corps à (ce qui est abstrait ou hypothétique).

Une seule phrase pour une année de questionnement, de doutes, de perplexité, de « Ouh bidiou ya du boulot ! », mais aussi de maturation du projet, d’évolutions successives, chaotiques parfois, des retour en arrière, des remises en questions, des passages d’étapes, des magazines et livre dévorés, des heures passées sur internet, des jours passés à discuter, s’expliquer, se mettre d’accord, des kilomètres à déambuler chez les différents commerçants. Une seule phrase pour un projet mais deux personnes, deux vies, deux façons de voir. Au départ pleins d’idées nous rassemblaient, mais le montage du projet s’est avéré être houleux, nous avons dû confronter notre vision du voyage qui évoluait au fil du temps et à mesure que les étapes se franchissaient, nous devions renoncer à certaines idées par souci de réalisme, nous devions surmonter certaines épreuves. Nous avions commencé la préparation du projet avec plein d'envies en tête : monter un spectacle, apprendre une autre langue, avoir des thématiques de voyages, travailler avec des scolaires... Des idées, encore des idées...trop d'idées! Nouveaux doutes, remises en questions. Nous remettons les choses à plat : comment imaginions nous ce tour du monde quand nous en avons parlé pour la première fois ? Tellement facile que nous l'avions oublié, en trois mots : simplicité, plaisir, découverte. Au final, ce choix de partir, aura marqué notre vie, définitivement, même avant le départ.


3) L'inventaire : la liste complète de notre matériel pour démontrer notre sérieux dans la préparation, pour vous donner une idée du matériel nécessaire, ou pour informer les autres futurs voyageurs à vélo.

Accommodation : - Une tente Tente Jamet Malaku 4000 - Un réchaud Primus Omnifuel - Sac de couchage Valandré-Lafayette - Matelas de sol autogonflant Thermarest - Drap de soie - Popotte en inox - Couverts - Torchon microfibre - Un briquet tempête - Une bâche solide - Un nécessaire de couture - Filtre à eau Katadyn Combi - Un sceau pliable
Mobilité : - Vélo sur-mesure Rando-cycle : . Cadre : acier Reynolds 525 Oversize . Pédalier : Deore LX avec carter ajouté (plateaux 22-32-44) . Entraînement : Shimano Deore LX (roue libre 11-32 8V) . Freins : Shimano Deore LX . Appuis : · Jeu de direction Shimano STX · Cintre et potence ATB Multiposition · Selle Brooks rodée · Tige de selle avec suspension . Roues : · Moyeux : Shimano deore LX, · Jantes : Receda Grizzly 26’’ · Rayonnage : Tandem · Pneus : Marathon SCHWABLE XR · Chambre à air : Schrader .
Accessoires : · Porte bagages avant fait main Rando-cyle · Porte bagages arrière Tubus Cargo · Garde-boue inox · Béquille arrière
Matériel de réparation : - 4 chambres à air - Rustine - Un pneu de rechange pliable - Clés diverses - Cables de freins et cables de changement de vitesse de rechange - Patins de freins de rechange - Une pompe à vélo - Sacoches Ortlieb - Compteur kilométrique - Un antivol - Porte bidons - Sonnette
Vêtements : - 3 t-shirts synthétiques respirants - 1 polaire - 1 veste imperméable Gore-Tex - 2 Shorts - 1 cycliste - 1 pantalon - 3 paires de chaussettes : 2 X-Socks biking silver, 1 chaude, - 1 paire de chaussure randonnée/vélo avec cale automatique ; - 1 paire de sandales - 1 maillot de bain - 1 paire de lunette de plongée - 1 chemise - 3 boxers ou caleçons : 2 synthétiques + 1 coton - 1 casque à vélo - 1 chapeau pour le soleil - 1 paire de lunette de vélo UV 3 ou 4 - 1 chemisier sécurité fluo réfléchissant
Hygiène : - Serviette de voyage microfibre - Boite a savon - Bosse à dent - Mouchoirs en tissu - Dentifrice biodégradable - Savon de Marseille doux pour le corps - Savon de Marseille pour vaisselle et lessive - Papier WC - Coupe-ongle
Santé : - Trousse à pharmacie : - Seringues - Compresses stériles - Antiseptique - Anti-douleur - Anti-inflammatoires locale et en comprimé - Anti-diarrhée (Smecta, Imodium et un antibiotique) - Steril-strip - Pince à épiler - Couverture de survie - Pansements - Crème solaire - Biafine - Anti-paludéen (en curatif seulement) - Antibiotique large spectre - Pansements - Bande type Elastoplasme - Bande de contention - Sérum physiologique - Thermomètre frontal - Répulsif à moustique - Traitement chimique de l’eau type Micropur - Un ciseau - Boule Quiès - Mousse de contention hémorragique
Vaccins effectués : - Rage préventif - Fièvre jaune - Hépatite A - Fièvre Typhoïde - Vaccins anciennement effectué : Hépatite B, DT Polio, BCG.
Matériel de reportage : - Un appareil photo reflex Nikon d80 + objectifs 18-120mm + accessoires - Un appareil photo compacte Panasonic Lumix LX2 - Un Enregistreur audio numérique EDIROL R-09 - Un Disque dur mp3 20g, Archos Gmini XS202 (stockage de données) - Un Chargeur de piles ( pour piles rechargeables ET jetables) - Cahiers vierges - Crayons
Divers : - Crayons - Cahier journal de bord - Stylo, crayon - Enveloppes - Une pochette étanche type porte carte - Lampe frontale - Boussole - File de nylon - Une corde type escalade 3m - Un rouleau de ficelle solide - 3 clochettes - Tendeurs - Sangles d’attache - Une bombe au poivre - Un portefeuille à garder près du corps - Un porte documents « importants »